La Zebra de Léon

2008

Comment passer un weekend de Pâques ?
Ce qui suit a été le nôtre, en 2008.
Le texte est de Léon.

Jolie T5, tu es partie sous d’autres cieux, faire rêver un ami. Quel est ce rustre qui s’est separé de toi pour quelques chevaux de plus ?

Pardon ma belle, mais après cette deuxieme T5, j’avais effectivement envie de quelque chose d’un peu plus rustre, justement. Qui se ressemble...

Et c’est ainsi que nous nous retrouvons, mon frangin et moi, dans la Xantia, une remorque au cul et un lave-linge dans le coffre. Mais ceci est une autre histoire.

Direction : Place Carlo Guzzi. Nous y arrivons ce jeudi soir, juste à temps pour l’apéro et pour entendre le ronronnement de ma promise.
Elle tourne rond sur sa bequille centrale, prend bien ses tours, aidée en cela par son volant moteur allégé. Un vrai bonheur. Elle est rouge et blanche, sa robe a visiblement vécue et son tête de fourche a même reçu une retouche de couleur verte du pire effet.

Mais bon, le principal est le moteur qui respire la santé, la position de conduite est parfaite, Léon est content :)

Le planning est le suivant : vendredi matin, p’tite balade en famille puis resserage de culasse durant l’après-midi et samedi, grande balade dans l’arrière pays niçois, le rêve :)

Oui mais un planning, c’est fait pour évoluer...

Vendredi matin, réveillés, casqués, bottés, les pétoires chauffent doucement pendant que les dernières effluves accumulées la veille au soir s’évaporent. On enclenche la première, je sors le premier sur la chaussée, j’enclenche la seconde, mon frangin me suit sur la Calif à JNono. J’enquille à vitesse très réduite le rond-point et direction la corniche.
Au passage du troisième rapport, 20 mètres après la sortie du rond-point, la roue arrière se bloque, l’arrière de la pétoire commence à se dérober, le moteur bloque (pensée secrète). Réflex conditionné, je débraye, la moto se remet en ligne et je m’arrête en douceur le long du trottoir.

Merde... 150 mètres. Merde...

Boîte au point mort, je pousse jusqu’à la Place Carlo Guzzi (putain, ça monte !).

Ce n’est pas la boîte. Reste le moteur. Il a tourné hier soir, il a tourné ce matin, il s’est bloqué d’un coup, brutalement, comme si quelque chose avait cassé.
JNono est catastrophé : t’inquiète garçon, un moteur c’est comme une bouteille de bon vin, on n’est jamais certain du contenu avant de l’avoir vidée :)

Les tentatives d’explications partent dans tous les sens, nous laissant perplexes. Que faire face à un moteur bloqué ?

Pas une goutte d’huile ne s’en échappe, le tournevis ne parvient pas à faire bouger le volant moteur. Le démarreur ? Deux vis plus tard, il est par terre mais le moteur ne tourne toujours pas.

JNono a son RDV important, il part quand même, à regret. Pas de souci, je suis avec mon frangin, on n’est pas à une galère près :)

Bon, on fait quoi ? On ouvre les cache-culbus, on verra l’état du haut-moteur. Il est propre. C’est donc dans le bas-moteur.

On tombe le moulbif ? Yo, man. On décroche les carbus, les connecteurs sont déconnectés, les fixations moteurs débloquées, la roue arrière est sortie, le cardan et son pont sont déposés.

Une heure et demi après, le moteur est posé sur un tabouret, le cadre est pendu à la chèvre, le reste est en vrac, au milieu des outils.

C’est à ce moment que JNono revient et passe la nez à la porte du garage. Sa tronche est un vrai moment de bonheur !
Faut dire qu’il m’avait laissé un message sur le mobile disant « Comme vous passez pas loin, vous allez la laisser chez les Tavola Brother, ils se chargeront du démontage ».

Trop tard :))

Et maintenant, on fait quoi ? Ben c’est ptèt’ derrière le volant moteur ?
Pas de souci, on le vire et on démonte l’embrayage.

Ben non, c’est toujours bloqué.


Et maintenant, on fait quoi ? Ben ya ptèt’ quand même une soupape tordue ou un guide qui est tombé bien bas ?
Pas de souci, on démonte.

Ben non, c’est toujours bloqué.

Et maintenant, on fait quoi ? Ben c’est ptèt’ un serrage de piston ?
Pas de souci, on démonte les bielles par le carter.

Ben non, c’est toujours bloqué.

Et maintenant, on fait quoi ? Ben c’est ptèt’ l’allumeur ?
Pas de souci, on démonte.

Ben non, c’est toujours bloqué.

Et maintenant, il reste quoi ? Ben y’a encore l’arbre à cames ?
Pas de souci, on démonte.

Ben non, c’est toujours bloqué.

Raaaahhhhh....

Et maintenant, on fait quoi, y’a plus grand chose...
Ah si, il reste le vilebrequin...

Pas de souci, on démonte le palier arrière et...  il vient avec le vilebrequin en formant un couple tres serré.

Merde alors.
On arrive à les faire divorcer et effectivement, de bien belles marques apparaissent, preuve que ce divorce aux forceps était inévitable.

Le reste du moteur est d’une propreté indéniable. Qu’a-t-il pu se passer ?

Bon. Et maintenant on fait quoi ?

« Ben, j’ai ptèt’ un vilo et un palier arriere compatib’ », dit notre JNono.

Sitôt dit, sitôt fait, et il en profite pour sortir les joints kivonbien :)
Oui mais, qu’a-t-il pu se passer ? Seul un manque d’huile peut occasionner un tel serrage. Comment vérifier que l’huile passe bien dans les bons passages ?

La Tavola’s Family va nous donner un conseil d’une simplicité exemplaire : mettre un peu d’huile dans le fond du carter et faire tourner la pompe à huile avec un tournevis électrique (sens inverse des aiguilles d’une montre).

Le spectacle est fascinant : le vilo est en place ainsi que l’arbre à came et on voit les jets d’huile sortir des paliers. Ce jeu d’huile, c’est magique !
On remonte et j’en profite pour prendre les leçons de mécanique les unes à la suite des autres : nettoyage du vilo, calage d’un allumeur et même examen de passage avec l’épreuve du jeu aux culbus.
Une douzaine d’heures (et de bières) après avoir touché la première vis, le moteur tourne parfaitement et du premier coup :)

Casque, botte et GSM en poche, je pars pour un ch’tite promenade d’une douzaine de bornes, banane aux lèvres.

Le bonheur :)
Alors, cette virée Place Carlo Guzzi ?

On n’a pas été se balader avec mon frangin sur la corniche, on ne s’est pas fait ce viron d’une journée tous les 5 avec Andrea et Catherine mais on a fait de la mécanique à trois.

Enfin à deux et demi (j’ai toujours mes 2 pouces gauches) et ça a été un super bon moment.

Jamais je n’aurais entrepris ce démontage-remontage seul dans ce laps de temps. Mais bon, avec mon frangin, on n’est plus à ça près.
Et puis avec JNono, son expérience, son atelier, y’a pas de limites :)

Léon

Date de création : 22/02/2011 à 14:02 - Dernière modification : 28/02/2011 à 20:51