Pologne - Août 2004

Récrit en 2011, plus moyen de retrouver ce que j’avais pondu au retour ! J’espère ne pas trop en oublier...

Re-la Pologne ! Cette fois-ci, avec la Veuve.

Patrick, que l’on nomme désormais le renégat, roule maintenant sur une BM 1150GS.

Itinéraire habituel jusqu’à Mandello, où nous devons retrouver Tom, parti de Grenoble sur sa flambante V11 Rosso Corsa.

Nous louons pour la nuit un bungalow au camping Mandellien.

Un superbe Galletto aperçu dans une mandellienne rue.
Nous posons fièrement devant la porte de l’usine.
Tom, qui est un grand timide, n’a pas voulu rester sur sa moto.
Patrick n’a pas eu droit à la photo devant la Porte. Le voici près de l’entrée du local des poubelles.

Direction l’Autriche le lendemain.

Roulons paisiblement, allons arriver sur Salzburg quand Patrick me rattrape en me faisant des signes que je n’interprète pas.

Nous nous arrêtons sur un parking et Patrick me déclare que ça fait un boucan effroyable derrière moi !

C’est le pont de la Veuve qui hurle, le big roulement doit être HS, d’ailleurs on ferait cuire un boeuf sur le pont !

Tom, qui a le guide des agents Guzzi, en trouve un à Salzburg, à une quarantaine de kilomètres.

Trop tard pour ce soir, nous prenons une chambre au Gasthaus du coin.

Entre les deux assiettes, environ quatre minutes.
« Burp ! » a dit Patrick.
 
Arrivons le lendemain matin chez Ginzinger, le GCC local.

La veille, je ne risquais pas d’entendre les appels déchirants du roulement, la moto est bien trop bruyante !

Je pénètre donc dans le bouclard et annonce qu’il me faudra vraisemblablement un roulement et son spi.

Ach ! Kolossal ennui, ils ont bien le panneau Guzzi, mais comme ils n’en vendaient pas, des Guzzi, ils ont tout arrêté !
Comme j’explique que le roulement espéré est un 70x110x13, de type industrie, le magasinier téléphone chez un marchand de roulements salzbourgeois qui déclare le posséder, ainsi que le spi.

Pas de chance, c’est à l’autre bout de la ville.

Qu’à cela ne tienne, le patron enfourche une brêle et va me le quérir.

Pour mécaniquer, ils me laissent un bout de trottoir derrière le magasin.
Puissament motivé, surtout que Patrick me surveille, je procède à l’échange roulement et spi.

Les mécanos m’ont fourni l’huile, un essai dans la rue confirme que tout va bien, nous nous (enfin je) me lave les mains et demande à payer.

Ils m’ont fait rembourser le roulement (à leur prix remisé !!!) le reste étant gratuit. Nous avons même eu en cadeau 2 T-shirts chacun.

J’insiste pour leur offrir une bière, ils ne veulent rien d’autre. Vraiment sympa, l’équipe de Ginzinger Salzburg.

Depuis, je leur envoie à chaque Noël un mail pour leur présenter mes voeux et renouveler l’invitation que je leur ai faite à passer me voir à Cannes.

Cette année, le mail est revenu, pas eu moyen de les joindre.

Tout fout le camp, ma bonne dame !
C’est reparti. Après tout, on n’est pas d’ici.

400 km et nous sommes à Prague, que Tom ne connaît pas.

Juste après la perte de ma ceinture lombaire, nous nous posons dans un petit hôtel.
Tom a voulu tout voir, il a tout photographié.
Mes pieds ont fumé dans mes bottes.

Mais que cette ville est belle !

Et elle n’a, contrairement à beaucoup d’autres, subi aucun dommage pendant la 2e GM.
Heureusement, les bistrots ne manquent pas et la bière est la meilleure au monde !
Tom ayant eu des mots avec un indigène, nous nous sommes réfugiés en Pologne.
Je ne sais plus qui a dit : « Quand j’entends Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne ! ».

Nous y allons, la frontière est à une centaine de kilomètres et encore environ 300 pour atteindre Gulcz Mtyn, là où crèche Jurek qui, comme je l’ai déjà dit, est le motard le plus polonais que je connaisse.
C’est la maison de Jurek.

Il y a des castors dans son lac !

Les tubes, à droite, sont des tuyères de missile Scud (véridique !).
On tombe bien ! À deux pas de chez lui, à Wrzeszczyna, ou bien à Jedrzejewo (vous vous en fichez, non ?) se tient la grande fête annuelle de leur motoclub.

Si vous souhaitez apprendre le polonais, rien de plus facile et allez visiter leur site.

Ils ne font pas les choses à moitié et le chapiteau sera bien rempli !

Ce soir, ils font la fête entre eux, il n’y a pas de public, qui ne sera reçu qu’à partir du surlendemain.
En 2000, j’avais déjà constaté le fait que les Polonais ne font que peu confiance à leur béquille.

Il est vrai que les pneus ne sont pas très chers...
Y’a quand même pas que des HD !
Elles sont folles de la Veuve Noire !
Jurek est à ma gauche.

Quel honneur pour leur manifestation que de pouvoir accueillir un Président étranger accompagné de ses ambassadeurs !
Un des potes de Jurek. Désolé, j’ai oublié son nom !

Vu le gabarit, vaut mieux pas tenter de lui expliquer que les HD sont des brêles de lopette !
Je voudrais expliquer ici qu’il est inexact de prétendre que les Slaves ont les yeux bleus.

En réalité, ils sont rouges.
Le matin, j’ai retrouvé des petites culottes dans le panier...

Le voyage devait se continuer en direction de Goldap, à la limite nord-est de la Pologne, proche de la frontière de l’enclave russe de Kaliningrad, et à une centaine de kilomètres de la Lituanie.

À Goldap devait avoir lieu un rassemblement Moto-Guzzi. Nous en avions parlé entre cinq bières avec nos amis pendant la nuit précédente.

Leur réponse a été plus qu’unanime : « N’allez pas là-bas ! »
Pour y parvenir, il n’y a qu’une seule route, dans un état épouvantable et parcourue inlassablement par des milliers de camions.

C’est le trajet le plus fréquenté par les poids lourds entre Russie et pays Baltes et l’Europe occidentale.

Ont suivi les descriptions d’accidents les plus effroyables dûs aux conducteurs bourrés de vodka et roulant à toc sur leurs bahuts !
J’en profite pour vous parler des trois types de routes en Pologne :

- 1° : la route dallée, formée de plaques de béton d’environ 8x3 m, les plaques étant reliées par un joint de 5 ou 6 cm de largeur.

Ce joint a disparu il y a belle lurette, c’est maintenant l’herbe qui pousse à sa place.

Suite aux conditions hivernales, à la fréquentation des camions... les plaques ont bougé et il est commun d’avoir une distance et un dénivelé de quelques centimètres entre deux plaques !

Mais ce n’est pas le pire !

- 2° : la route pavée. C’est joli dans le centre des vieilles villes médiévales, mais moins sympa sous les roues. Ajoutons à ceci qu’elles sont superbement bombées.

Bref, tout ce qui est serré se desserre, les plombages quittent les dents et les lentilles de contact descendent par gravité.

Après une bonne trentaine de kilomètres de ce supplice, nous nous sommes arrêtés avec Tom pour reprendre nos esprits.

Patrick s’est approché de nous en demandant : « Ah, il y avait des pavés ? »

La fourche de sa GS est réellement efficace : il n’a pas souffert comme nous. S’il n’était pas aussi grand, je lui aurais bien collé une baffe !

Ben non, j’ai pas de photo, mais tout le monde a vu des pavés.

- 3° : la route asphaltée, telle que nous la connaissons chez nous, mais...

Le passage intensif des poids lourds a creusé l’empreinte de leurs roues dans le bitume.

Dans ces traces de roues, quand le bitume s’est affaissé, il s’est bien entendu relevé sur chaque bord de la trace !

Entre les points haut et bas du sillon, il y a pratiquement dix centimètres sur les portions les plus creusées.

Avec le side, plus besoin de guider, il suit la trace !
Mon carter moteur, qui est très bas, a frotté plusieurs fois !

À l’instar de notre franchouillard panneau de signalisation « Trous en formation », les Polonais placent le panneau « Koleiny ».
 

J’ai piqué les images chez M. Wikipedia et le remercie pour sa courtoisie.

Pour terminer, la règle de dépassement :

Pour dépasser un poids lourd (les caisses, c’est fastoche !) on clignote en se décalant légèrement. On se décale légèrement parce qu’en face arrive un autre poids lourd.

Le chauffeur du bahut que l’on veut dépasser se jette (littéralement) sur le bas-côté alors que celui qui vient en face et qui a compris la manoeuvre, en fait autant.

Il reste entre les deux PL la largeur du side plus quelques centimètres de chaque côté : gazatoc en maintenant le side qui danse sur le revêtement...

Ça y est, je suis passé, je me remets sagement dans le koleiny jusqu’au camion suivant ...

On ira peut-être en suivant la frontière russe depuis Gdansk.

Peu avant Gdansk, visite du château de Malbork, ancien siège social des Chevaliers Teutoniques et plus grande forteresse gothique d’Europe.
Dommage, beaucoup de salles fermées, aucune explication fournie, même pas en anglais.
Ben, WC se dit “Toaleta”. Celui-ci ne se bouche pas, il est en échappement libre vers l’extérieur.
Atteignons enfin cette si belle ville de Gdansk, où nous louons un élégant bungalow, juste en face du bar du camping.
Bungalow dont nous prenons le plus grand soin à aménager douillettement pour notre plus grand confort...
Finalement, nous n’irons pas à Goldap et préférons rester quelques jours sur place.

Quelques photos de la ville.


Ce que l’on voit sur le quai, c’est une grue.

Elle est entièrement en bois, fabriquée au XIVe siècle pour décharger les bateaux.

Comme Beau de Rochas n’était pas encore né, elle était actionnée par des prisonniers qui crapahutaient dans une roue d’écureuil...

Pour ceux que le doute habite, cherchez “grue en bois de Gdansk” sur votre moteur de recherche préféré.

Les motos restent au camping : nous utilisons pour nos déplacements, les transports en commun.
On mange frugal...
... ou plus raffiné.
Et puis Tom a voulu aller se baigner.

Drôle d’idée, avons-nous répondu !
Elle était à 7°C, la Baltique.

Le chien qui suit Tom a mis la patte dans l’eau, a dit « Kaïski ! » et s’est enfui penaud, la queue entre les jambes.
Chapeau, le Tom !
Autre vue de la plage. On le constate, ce n’est pas la Côte d’Azur !

Au centre de la photo, ce n’est pas un marchand de glace (y’en a pô), c’est un marchand de piwo.
À deux pas de Gdansk, il y a Gdynia où est célébrée ce jour-là la fête de la St. Machinski.
Il faut se faire une raison, même au bord de la Baltique, la glace fond au mois d’août.
On ne peut qu’admirer la richesse de la faune polonaise (il y a encore des bisons sauvages en Mazurie).
Le dimanche, on retrouve quelques copains en HD avec lesquels on fera une balade ponctuée de nombreux arrêts-piwo.
Nous, on est sérieux et ne buvons que de la gazowana woda.
Une des nombreuses pauses. Ici à Wladislawowo.
Il faut maintenant songer au retour. Le départ est pour demain.

« Tiens, c’est quoi cette tache sous la Veuve ? » m’interroge-je.

C’est de l’huile bien claire, bien fluide.
Comme ce n’est ni huile moteur, ni de boîte, c’est donc de l’huile hydraulique !

Toutaf’ ! C’est l’amortisseur arrière qui attend la veille du départ pour décéder ! Je n’essaie même pas de me dépanner, ce ne serait que perte de temps !

Nous partons donc le lendemain. Je n’ai plus que le ressort qui fait ce qu’il peut. Je pourrai être dépanné à Grenoble par Jmeumeu, mais Grenoble est encore à 2.000 km !

Là, c’est un voyage de merde que je subis, le side “tape” à chaque bosse, j’ai l’impression que le bras oscillant est directement articulé sur ma colonne vertébrale !

C’est avec un grand plaisir que nous franchissons la frontière polonaise pour traverser Frankfurt (sur Oder, pas celui des saucisses) et arriver dans le petit bled de Müllrose, au bord du canal de la Spree.

C’est aussi à Müllrose que ma batterie ma lâche perfidement.

Bon, c’est une batterie de ouature, on va bien trouver ça sur place.
Coup de pot, il y a un petit garage. Le jeune mécano avec qui je discute m’apprend qu’il a fait des vacances dans notre beau pays mais qu’il n’a pas de batterie. Il peut m’en fournir une demain matin.

Nous prenons une chambre à l’hôtel ; demain on verra...

Patrick n’est pas difficile, un jarret d’un bon kilo lui a suffi.

Quant à moi, j’ai mangé pour la première fois du silure.

C’est bon, le silure, mais le boeuf est meilleur.

Le lendemain, on me livre la batterie. Nous devons à présent gagner Kenzingen, étape obligatoire.

Vu l’état de mes vertèbres en direct avec le bitume, décidons de rattraper au plus vite une autobahn avant Dresden. C’est chiant l’autobahn, mais c’est mieux pour mes lombaires.

Et puis je ne peux guère dépasser 110-120 km/h : c’est rageant vu que nous sommes en Allemagne !
Arrivons après 650 km sans passion à la nuit tombée.

Comme d’habitude, nous nous établissons au bord du lac.

Nous nous détendons un jour à Kenzingen, chacun s’occupant agréablement.
Tom, qui est champion de pêche, s’est chargé de notre repas.
Patrick a longuement médité...
Et après une dernière nuit, sommes rentrés sur Grenoble.
À Grenoble, petite séance de mécanique pour monter l’amorto prêté par JMeumeu, et il ne restait plus que la route Napoléon jusqu’à Cannes.

Excellent voyage.

Bien que capricieuse, la Veuve permet de longs trajets en emportant les paquetages des copains.

Combien de kilomètres ? Le compteur VTT n’a pas supporté !

Vivement la prochaine !

JN

Date de création : 05/02/2011 à 15:29 - Dernière modification : 10/02/2011 à 17:43